Le Baiser



Constantin Brancusi, 1923-1925

Le Baiser se présente comme un bloc de pierre à peine dégrossi, dans lequel s’inscrivent deux bustes vus de profil et accolés l’un à l’autre. Seuls la différence des chevelures et le sein légèrement apparent de la femme permettent de percevoir la présence des deux êtres. La jonction parfaite des bouches et des yeux et l’enlacement des bras métamorphosent les corps en un être unique vu de face. Cette double présence accentue fortement l’unité du bloc de pierre et apparaît comme une métaphore de l’artiste face à sa matière.

Quand, en 1910, Brancusi reprend le thème du baiser pour un monument funéraire en souvenir d’une jeune fille russe qui s’est suicidée par amour, les bustes des deux corps sont prolongés par leurs jambes accolées, rappelant une tradition roumaine selon laquelle deux arbres plantés l’un à côte de l’autre, près d’une tombe, évoque la force de l’amour face à l’éternité. « J’ai voulu évoquer non seulement le souvenir de ce couple unique mais celui de tous les couples du monde qui ont connu l’amour avant de quitter la vie », dit-il.